24 NOVEMBRE 2007, FORUM NATIONAL DE LA REFONDATION DU PARTI SOCIALISTE SUR LA NATION A AVIGNON

Chers amis, chers camarades,

Vous vous en doutez, c’est avec un grand plaisir que j’interviens au nom du Mouvement Républicain et Citoyen sur un thème qui nous tient tout particulièrement à cœur, celui de la Nation. Il est heureux que ce thème nous rassemble aujourd’hui. C’est que la nation a longtemps semblé démodée à gauche. Les causes en étaient multiples.

Meurtris par les succès du Front National, une partie des hommes et des femmes de gauche était tentée de jeter avec l’eau du bain les symboles de la nation dévoyés par Le Pen. Eblouis par le « rêve européen », et séduits par l’émergence des régions, certains se laissaient aller à ringardiser la nation. D’autres encore, mobilisés par le juste combat contre les discriminations, avaient tendance à défendre le droit à la différence plus fortement que l’égalité des droits, la diversité plus fermement que l’unité, pour reprendre les termes de l’invitation au forum d’aujourd’hui. Et ce faisant, en défendant de bonne foi les droits des minorités, certains oubliaient le risque intrinsèque que comporte l’affirmation trop forte d’une identité, qu’elle soit culturelle, régionale ou religieuse : le risque de l’exclusion de l’autre.

C’est contre ce risque fondamental que nous prémunit la nation. Parce que la conception française de la nation est porteuse d’une spécificité : elle ne fait référence à aucune appartenance ethnique, culturelle, religieuse, ni même géographique. La nation française, depuis 1789, c’est la nation citoyenne, la nation politique, qui ne connaît que des citoyens réunis par la conscience d’un destin commun, dans l’adhésion à des valeurs communes. Ces valeurs communes, ce sont celles, fondatrices, de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, enrichies de deux apports majeurs : la loi de séparation de l’église et de l’Etat d’une part, les lois sociales du Front populaire et de la Libération d’autre part ; Liberté, Egalité, Fraternité, mais aussi laïcité et république sociale, ces fondamentaux qui sont inscrits dans l’article 1 de la Constitution de la cinquième république. Cette nation, elle est généreuse, accueillante, universaliste. C’est en cela qu’elle est moderne. Grace à la laïcité qui sépare la sphère publique et la sphère privée, le débat dans la cité peut se dérouler à l’abri de l’affrontement des options spirituelles. Par son modèle social, la république met en pratique ses valeurs en s’aidant des bras armés que sont les services publics et la protection sociale.

Alors, défendre la Nation aujourd’hui, c’est ne pas laisser mettre à bas le modèle social issu du programme du Conseil National de la Résistance avec lequel les amis de Sarkozy veulent en découdre : ils le disent, ils l’écrivent.

Défendre la nation aujourd’hui, c’est aussi défendre la souveraineté populaire. Car c’est là l’apport majeur de la nation citoyenne : chacun des citoyens détient par son vote une parcelle de la souveraineté de la nation. C’est pourquoi on ne peut le dessaisir du droit inaliénable de donner son avis par référendum sur un sujet pour lequel il a déjà été consulté par référendum.

Chers amis, chers camarades, c’est un grand plaisir de nous remémorer ensemble les fondements de la nation républicaine, qui nous unissent.

Mais nous ferions rire de nous si nous ne mettions pas en application le principe fondamental entre tous de la nation citoyenne : celui de la souveraineté populaire.

Ne la laissons pas confisquer. Ne faisons pas la courte-échelle à Nicolas Sarkozy. Exigeons tous ensemble un référendum. Il est encore temps, chers amis, chers camarades, il est encore temps !