28 MARS 2007, REUNION PUBLIQUE THEMATIQUE SUR LA SANTE A BUCHERES (AUBE)

Grande Réunion publique Mercredi 28 mars 2007 à 19h30 à la Salle des Fêtes de Buchères (rue des Aulnes) sur la thème :

« LA SANTE POUR TOUS » avec la participation de :

Claude EVIN, Ancien Ministre de la Santé, député et Pdt de la fédération Hospitalière Française;
Ladislas POLSKI, Médecin et Secrétaire National du MRC;
Daniel PARIS, Délégué national du PRG aux questions de santé.

Mesdames, messieurs, chers amis, chers camarades,

Le grand défi pour la gauche, dans tous domaines, c’est celui de la réduction des inégalités.

C’est particulièrement vrai dans le domaine de la santé.

Ces inégalités de santé, ces inégalités d’accès aux soins, elles sont à la fois sociales et géographiques.

Un chiffre illustre de façon particulièrement crue la persistance d’inégalités sociales qui nous paraissent pourtant anachroniques : ce chiffre, c’est celui de la différence d’espérance de vie entre un homme ouvrier et un cadre supérieur, qui s’élève, aujourd’hui encore, à 7 ans.

Les causes sont sans doute à rechercher du côté de la prévention, de l’éducation à la santé, des conditions de travail.

Inégalités dans l’accès à la prévention bien sûr, puisque les enquêtes montrent que plus le niveau d’études s’élève, plus le recours à la prévention est important.

Inégalités dans les conditions de travail évidemment, et là encore, un chiffre est instructif : la surmortalité des hommes qui exercent un travail manuel est de 71% en France (drees).

Plusieurs études mettent également en évidence le renoncement aux soins pour raisons financières qui, même s’il a beaucoup diminué depuis la mise en place de la Couverture Maladie Universelle, semble concerner de 11 à 14% de l’ensemble des Français, et jusqu’à 30% des chômeurs.

Les inégalités d’accès aux soins sont également territoriales.

Pour n’évoquer que la médecine libérale, la densité médicale peut atteindre le chiffre d’un médecin généraliste pour 35 habitants dans certaines villes de la région PACA et certains arrondissements de Paris, alors que dans les zones rurales, on ne compte souvent qu’un médecin généraliste pour 800 habitants (irdes 2006).

Les plus fortes disparités territoriales entre régions semblent séparer la région Nord Pas de Calais de la région PACA.

Quant aux départements, si l’on s’intéresse par exemple à celui de l’Aube, il se situe dans le dernier tiers par rapport à l’ensemble des départements français, en termes de nombre de médecins, de nombre de lits d’hôpitaux, et de nombre de lits pour 100000 habitants. L’Aube figure donc parmi les parents pauvres de la densité d’offre de soins.

Il faudra à en parler à notre nouveau ministre de l’Intérieur…

 

 

Ces dernières années, la droite au pouvoir a mené une politique de santé qui n’a pu qu’aggraver les inégalités d’accès aux soins.

En effet, elle a multiplié les atteintes au principe de base de notre système de santé et de protection sociale : celui de la solidarité, qui veut que chacun cotise selon ses possibilités et bénéficie de soins selon ses besoins.

Dictées par une idéologie libérale, plusieurs mesures ont été prises qui tendent à augmenter la participation individuelle du patient au financement des soins : forfait de un euro par acte, augmentation du forfait journalier hospitalier, forfait de 18 euro pour tout acte d’un montant supérieur à 91 euro.

Il faut également souligner l’introduction de nouveaux dépassements d’honoraires non remboursables dans le cadre de la réforme dite du médecin traitant, qui permet aux plus favorisés de court-circuiter le parcours de soins en payant davantage.

Cette réforme, outre qu’elle n’a pas atteint ses objectifs de réduction de dépenses de santé, a semé une telle confusion qu’il est aujourd’hui extrêmement difficile pour les patients de savoir comment ils seront remboursés lorsqu’ils se rendent chez un médecin.

Toutes ces mesures installent progressivement une médecine à plusieurs vitesses.

Le candidat de l’UMP souhaite prolonger cette logique en la durcissant.

Alors que, dans de nombreux territoires, les patients peinent à trouver des médecins qui ne demandent pas de dépassements d’honoraires, Sarkozy propose de développer des espaces de « liberté tarifaire ». Or, les patients, eux, ne sont pas libres d’être malades ou en bonne santé. Cette « liberté tarifaire » risque donc de prendre en otage les patients.

De la même façon, alors que, comme on l’a vu, la participation individuelle des patients au paiement des soins ne cesse d’augmenter, Nicolas Sarkozy prône l’instauration de franchises annuelles pour le remboursement des soins. C’est à coup sûr le meilleur moyen pour dissuader de tout recours aux soins les plus défavorisés.

 

Face à cette situation, la gauche doit donc être à la hauteur de ses responsabilités. Elle se doit de garantir le caractère solidaire de notre système, et de renforcer son efficacité.

La priorité doit être donnée au développement de la PREVENTION qui est indispensable pour que notre système de santé ne soit pas uniquement un système de soins.

C’est la raison pour laquelle Ségolène Royal propose de créer une carte santé jeunes donnant droit à une consultation gratuite par semestre.

C’est aussi pourquoi elle insiste sur la nécessité de renforcer considérablement la médecine scolaire et la médecine du travail.

C’est encore pour cela qu’elle préconise de développer des moyens pour l’éducation à la santé.

Une autre priorité est la nécessité de mieux COORDONNER l’ensemble du système de soins.

Comme le dit très justement Ségolène Royal, il faut redonner un sens au parcours de soins, que la droite a rendu confus et inégalitaire.

Les dispensaires de nouvelle génération que Ségolène Royal souhaite créer permettront la collaboration des professionnels de santé entre eux au sein d’une même structure dans le souci d’une prise en charge pluridisciplinaire des patients.

Ces maisons de santé pourront ainsi constituer l’un des maillons d’une chaîne qui les reliera à la médecine ambulatoire classique et aux établissements hospitaliers.

Dans un tel réseau de soins, le Dossier Médical Personnel aura toute sa place, mais il devra être repensé, puisque la droite en a fait pour l’instant une occasion manquée.

Parmi les responsabilités que doit assumer la gauche figure la LUTTE CONTRE LES INEGALITES d’accès aux soins.

Il faudra bien sûr garantir l’accès aux soins pour tous, et notamment pour les bénéficiaires de la CMU en sanctionnant les refus de soins dont ils sont victimes comme l’ont montré des études récentes.

Les dispensaires que Ségolène Royal propose de créer visent à répondre à la nécessité de garantir un accès aux soins pour tous, notamment dans les territoires délaissés, que ces territoires soient ruraux ou urbains.

Des mesures incitatives ambitieuses devront permettre l’installation des professionnels de santé dans ces mêmes territoires.

Enfin, on m’a demandé d’aborder ce soir la question de la MEDECINE GENERALE.

Cette question est particulièrement importante puisque la médecine de premier recours constitue, avec l’hôpital public, l’un des deux piliers fondamentaux du système de santé.

Ce rôle fondamental de santé publique implique la nécessité de mener une véritable politique de la médecine générale qui touche à tous ses aspects et particulièrement à la formation, aux modalités d’installation et d’exercice professionnel, aux missions du médecin généraliste, aux modes de rémunération, à la formation médicale continue.

La question de la formation initiale des médecins conduit notamment à repenser les numerus clausus qui doivent être desserrés afin de préparer une meilleure démographie médicale.

Par ailleurs, il convient de fixer prioritairement les besoins de formation des médecins en fonction des besoins sanitaires du pays, et non en fonction des seuls besoins de l’hôpital et de ses filières de formation.

Il faut promouvoir une revalorisation de la médecine générale que la réforme du concours de l’internat devenu Examen Classant national n’a pas permis, malgré le statut de spécialité théoriquement accordé à la médecine générale.

Concernant la question de l’installation des médecins, Ségolène royal souhaite l’intégrer  dans un Pacte de confiance qu’elle proposera aux médecins, afin de préciser leurs droits et leurs devoirs vis-à-vis de la collectivité nationale. Elle propose de définir des incitations positives à l’installation pour mieux couvrir les zones sous-médicalisées.

Il convient aussi d’entreprendre un débat sur la redéfinition des missions du médecin généraliste, qui prenne en compte notamment sa participation à la permanence de soins, et ses fonctions sociales.

Les différents modes d’exercice devront être pensés, à la lumière notamment de la création des nouveaux dispensaires que nous avons évoqués.

Dès lors, la question de la rémunération devra être abordée avec l’idée que le paiement à l’acte peut être complété par une rémunération de type forfaitaire, au titre de la participation à des actions de prévention ou de santé publique.

La question de la formation médicale continue doit également faire partie de la réflexion globale sur la médecine générale : il faut garantir une formation médicale continue indépendante de l’industrie pharmaceutique, et réfléchir à la mise en place de référentiels de bonnes pratiques pour les professionnels de santé.

Enfin, la réflexion sur la mise en place du dossier médical personnel, et celle qui porte sur la politique du médicament doivent associer les médecins généralistes.

Alors, si la santé mérite mieux que d’être prise en otage par l’attitude clientéliste que la droite a souvent utilisé, il nous faut rappeler la dimension éminemment politique de la santé.

En effet, la réflexion sur les questions de santé nous renvoie au choix entre deux projets de société.

A droite, l’idéologie libérale dominante tend à laisser aux individus seuls la charge de se prémunir contre la maladie et les frais qu’elle occasionne, au risque que les moins favorisés ne puissent accéder à des soins de qualité.

Pour nous en revanche, à gauche, la notion du financement solidaire de la santé est fondamentale, comme est fondamentale l’idée que la santé n’est pas une charge, mais doit  être au contraire considérée comme un atout économique. L’investissement dans la prévention, la recherche, l’environnement sont ainsi autant d’atouts pour une économie au service du bien être des citoyens.  

Pour finir, je voulais aborder une question qui s’est invitée dans la campagne présidentielle, et qui semble ne pas avoir de rapport direct avec le thème qui nous réunit ce soir ; c’est la question de l’identité nationale.

Alors que Nicolas Sarkozy se livre à un amalgame dangereux entre l’identité nationale et l’immigration, nous savons, nous que notre identité nationale n’a rien à voir avec nos origines. Notre identité nationale, elle repose sur la conscience que nous avons de partager un destin commun, autour de l’adhésion à des valeurs communes ;

Ces valeurs communes, elles s’appuient sur des moments historiques symboliques et fédérateurs : le Révolution française, la Résistance, la Libération.

Le système de santé et le modèle social que nous nous sommes donnés, ils sont issus du programme du Conseil national de la résistance, et des acquis sociaux de la libération.

Voilà pourquoi, ils constituent eux aussi, d’une certaine façon, une partie de notre identité nationale, comme est constitutif de notre identité nationale le principe d’égalité.

C’est la spécificité de la nation républicaine, elle ne renvoie à aucune appartenance religieuse, ethnique ou même territoriale : elle est politique.

Ces grands principes, il convient cependant de les décliner au quotidien et, on l’a vu, le domaine de la santé a particulièrement besoin de cette articulation entre des principes et des réalités pratiques.

Le pacte présidentiel que propose Ségolène Royal a été nourri d’apports multiples.

Parmi eux, les contributions des trois partis qui soutiennent notre candidate, mais aussi les idées remontées des débats participatifs organisés dans tout le pays.

C’est ce qui fonde la légitimité de notre projet : cette articulation entre des principes et les préoccupations quotidiennes des français.

Nous sommes à présent dans la dernière ligne droite.

Expliquons le pacte présidentiel, argumentons, convainquons. Il faut que nous l’emportions, parce que l’enjeu est d’importance : il s’agit de défendre notre modèle d’une république sociale, et aussi, puisque nous en parlons ce soir, de notre système de santé : universel, égalitaire et solidaire.