JPC LP 240211 compressée

LE CHE A NICE

Jean-Pierre Chevènement n’était pas venu à Nice depuis longtemps.

Aussi, quand il m’avait, il y a quelques mois, parlé du livre qu’il était en train d’achever, je me dis que la parution en librairie serait une bonne occasion d’organiser sa venue dans le département.

Hier, nous avons donc passé une journée harassante, mais très réussie, à présenter « la France est-elle finie? ». Le programme que j’avais concocté avec mes camarades du MRC était effectivement très chargé : direct télé du « 12-13 » de France 3, puis déjeuner avec des journalistes de la presse écrite et de la radio,photos avec nos candidats aux élections cantonales Lucien Pons et Christiane Bouchet-Pallanca, « Face à la rédaction » au siège de Nice-Matin (lire l’article), interview sur France Bleu Azur, puis cap sur la Librairie du Quartier Latin, à côté du Lycée Masséna.

Je dois dire que j’étais un peu inquiet de penser que la dédicace du livre se tiendrait à un horaire peu commode (16h30), et en pleines vacances scolaires.

Mais, quand nous sommes arrivés à la librairie, les informations rassurantes sur l’affluence, que m’avait données un camarade par téléphone, se confirmaient : la très grande salle était pleine et, sitôt passée la petite barrière de photographes attendant Jean-Pierre qui dut répondre à des demandes de dédicaces-photo sur le trottoir (si, si!), je réprimai un petit frisson de joie en entendant les applaudissements chaleureux qui accueillaient JPC.

150 ans après le rattachement du Comté à la France, Jean-Pierre venait donc présenter à Nice « la France est-elle finie? ».

C’est ce que je dis en introduction au petit débat qui allait suivre, en rappelant que, sur notre territoire où certaines féodalités n’ont pas disparu, le besoin de République est grand.

Et, alors que le terme de République est souvent employé à tort et à travers, galvaudé par les tenants d’une politique de rupture avec certains fondamentaux  républicains, il est salutaire d’entendre délivrer un message vraiment républicain, appuyé sur les idéaux de justice sociale, de progrès et de raison.

Toute la presse reconnaît que « La France est-elle finie? » n’est pas un de ces « quick-book » écrits à la va-vite par les hommes politiques pour se fournir une occasion de tournée des médias.

Le livre de Jean-Pierre est un ouvrage qui replace la situation actuelle de notre pays dans une perspective historique.

L’un des fondateurs du Parti socialiste au congrès d’Epinay, rédacteur du programme « Changer la vie » qui porta la gauche au pouvoir en 1981, ministre des gouvernements de gauche de 1981 à 2000 pendant près de 12 ans et trois fois démissionnaire pour des raisons fondamentales, qui structurent l’engagement politique de ceux qui l’ont suivi, Jean-Pierre Chevènement est bien placé pour se livrer à une analyse critique de la gauche au gouvernement, et de sa conversion au libéralisme.

C’est une analyse historique que fait le livre, remontant à la source pour expliquer ce qui conduisit François Mitterrand et le Parti socialiste à renier le projet d’Epinay de transformation de la société, et à mettre en congé la nation au nom d’un « pari pascalien » européiste.

Pas tendre avec la droite non plus, JPC rappelle « qu’elle ne s’est pas encore avisée que l’identité est seulement ce qui reste quand on a abandonné la souveraineté ».

Il fait remonter loin  le désamour de la France par ses élites et son peuple : charnier de la guerre de 14-18 qui conduit au pacifisme puis aux renoncements des années 30 et, surtout, empreinte laissée dans les consciences par l’effondrement de la France en 1940 puis la souillure du régime de Vichy.

Mais Chevènement ne se contente pas d’analyser le passé, il trace des perspectives d’avenir, préconisant ainsi une « République européenne des peuples », appuyée sur les nations et s’ouvrant vers la Méditerranée et la Russie, deux directions justement compatibles avec la géographie et l’histoire de notre département…

Bien sûr, Jean-Pierre fait de l’éducation et la recherche d’une part, et de la politique industrielle d’autre part, les deux priorités d’un projet pour notre pays qui mérite de reprendre confiance. Comment, sinon, un pays qui ne s’aime pas lui-même pourrait-il intégrer les enfants issus de l’immigration?

Interrogé par les journalistes sur Marine Le Pen, Jean-Pierre évoque son « discours trompeur » qui en appelle à la laïcité pour condamner la prière des musulmans dans la rue, sans jamais recommander pour eux la construction de lieux de culte dignes, alors que la laïcité garantit la liberté d’exercice de toutes les croyances.

A la librairie, c’est en reprenant ces quelques idées que j’introduisais le débat avec la salle, Jean-Pierre répondant ensuite à plusieurs questions très riches.

Le public était surprenant, venu d’horizons sociaux et de sensibilités politiques très divers.

Après avoir conclu en affirmant que la réponse au titre du livre était assurément « NON! », je laissais Jean-Pierre se livrer au marathon des dédicaces.

Malheureusement,à 18 heures 30, à cause d’un changement d’horaire d’avion, il fallait partir plus tôt que prévu et ainsi frustrer de nombreux arrivants qui sortaient du travail et croyaient retrouver « le Che »…

Dernière interview radio au téléphone dans la voiture, et Jean-Pierre reprenait son « Nice-Paris ». C’était une bonne journée.