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PEDIATRIE EN SOUFFRANCE

Ces dernières semaines, comme représentant de la Région au Conseil de surveillance du CHU de Nice, j’ai été sollicité à plusieurs reprises par la presse pour réagir à la situation du Groupement de Coopération Sanitaire (GCS) Lenval-l’Archet, jugée « explosive » par un audit indépendant commandé par le GCS lui-même.

Officialisée le 3 août 2010, cette fusion entre les services de pédiatrie du CHU et ceux de la fondation Lenval sur le site de Lenval, conforme à la loi Bachelot de 2009, visait notamment à conforter et à développer le pôle de pédiatrie niçois.

Je reviendrai sur les dangers intrinsèques des Groupements de Coopération Sanitaire, mais il faut dire qu’un rapprochement du CHU avec la fondation Lenval n’était pas initialement de nature à inquiéter : créé en 1888 par le baron Ladislas Loewenstein de Lenval qui venait de perdre un fils âgé de 11 ans à Nice, l’hôpital qui porte son nom occupe une place particulière dans le paysage de l’offre de soins de notre département, et dans le cœur des Azuréens. A but non lucratif et à vocation universitaire, cet établissement offre depuis très longtemps les garanties d’un accès pour tous à des soins de qualité.

A coup sûr, c’est la précipitation avec laquelle le rapprochement Lenval-L’Archet a été conduit qui a mis le feu aux poudres.

Trop content de jouer comme souvent au « meilleur élève » du sarkozysme, Christian Estrosi, président du Conseil d’Administration puis du Conseil de surveillance du CHU, a voulu faire de Nice le laboratoire d’expérimentation des tout-nouveaux Groupements de Coopération Sanitaire.

Il a ainsi soutenu au forceps ce regroupement et, aujourd’hui, la pédiatrie niçoise paye cher son impatience.
Son étonnant silence dans ce dossier témoigne à coup sûr de son embarras.

Le rapport d’audit est éloquent pour mettre en évidence à la fois le climat délétère au sein du personnel, mais aussi les problèmes posés par les déménagements de services à Lenval alors que d’autres sont restés à l’Archet. Ainsi la cancérologie pédiatrique est restée à l’Archet, et se trouve donc éloignée du service de réanimation pédiatrique « descendu » à Lenval, ce qui n’est sans doute pas sans poser de problèmes lors de l’aggravation de l’état de patients hospitalisés en cancérologie.

Ne parlons pas de la question de la maternité publique de l’Archet, censée être à terme « rapatriée » à l’hôpital Lenval qui héberge cependant aujourd’hui la clinique Santa-Maria et sa maternité privée, censée pour sa part déménager sur un site aujourd’hui non arrêté.

Cet embrouillamini est assez représentatif des dangers inhérents à la création des Groupements de Coopération Sanitaire( GCS), véritables boîtes de Pandore qu’il était dangereux d’ouvrir.  Car, si la fondation Lenval offre les garanties que j’ai rappelées en terme d’égalité d’accès aux soins pour les patients, il n’en est pas forcément de même pour les établissements de santé à but lucratif, avec lesquels les hôpitaux publics peuvent désormais se regrouper conformément à la loi Bachelot de 2009.

Les GCS,  en conduisant à terme à la disparition de certaines activités du secteur strictement public, pourraient entraîner de graves conséquences sur l’égalité d’accès aux soins. C’est ce que j’avais développé dans une tribune parue dans l’hebdomadaire Marianne au lendemain du vote de la loi Bachelot.

Quant au GCS Lenval-L’Archet, il est grand temps qu’il tire toutes les conséquences du rapport d’audit, peu suspect de complaisance avec la CGT, mais dont les conclusions viennent pourtant confirmer ce que les syndicalistes, comme d’ailleurs plusieurs médecins de premier plan, dénonçaient depuis plusieurs mois.

Nouvelle organisation des services, uniformisation des pratiques,et peut-être réorganisation de la gouvernance apparaissent particulièrement urgents.