pont surla roudoule

UN WEEK-END EN CAMPAGNE

Je viens de passer un week-end entier à faire campagne pour les candidats (du MRC ou soutenus par le MRC) aux élections cantonales dans les Alpes-Maritimes.
Samedi, j’étais d’abord à Utelle avec Alain Faraut, ancien maire et candidat du rassemblement de la gauche dans ce canton de la vallée de la Vésubie qui en compte trois, tous renouvelables.
C’est dans une ancienne chapelle des Pénitents blancs, débarrassée de ses attributs religieux et convertie en salle communale, que ma collègue socialiste  du conseil régional Anne-Julie Clary et moi-même avons prêché une bonne parole strictement républicaine et laïque.
Plus tard, c’était à Roquebillière, dans la même vallée, aux côtés notamment du sénateur Marc Daunis et de Patrick Allemand, que je soutenais Christiane Rasori, dans un canton qui m’intéresse particulièrement puisqu’un projet de Maison Régionale de Santé pourrait bien y voir prochainement le jour.
Rentré tard sous la pluie battante, j’étais de nouveau sur les routes dimanche, pour passer la journée entière avec Lucien Pons, notre candidat du MRC, soutenu par le PS, dans le canton de Puget-Théniers.
Dès 10h30, nous étions à Saint-Léger, à 1000m d’altitude environ, qu’on atteint, de Puget-Théniers, après une trentaine de minutes de route en lacets qui remonte la vallée de la Roudoule en empruntant notamment un spectaculaire pont suspendu.  Nous y avons tenu une réunion chaleureuse en présence du maire de la commune, sous le très beau buste de Marianne en bronze dont j’ai appris qu’il avait été offert à la municipalité par l’artiste, enfant juive pendant l’Occupation et cachée, avec 18 autres personnes, par la population du village, en particulier grâce à Zoé David, fille du maire de l’époque et tante du maire actuel. Elle a reçu depuis le titre de Juste parmi les Nations.
Après un repas solide au cours duquel nous nous sommes autorisés une omelette aux truffes (parmi les dernières de la saison ramassées dans le canton, nous a-t-on dit…), c’est à Ascros, à une demi-heure de route  encore de Puget-Théniers, sur l’autre rive du fleuve Var, que nous avons poursuivi la journée en terminant par une réunion publique à la mairie.

Partout dans ces vallées, en plus d’évoquer les aspects concrets liés aux compétences du conseil général, c’est un discours républicain que nous avons tenu, axé sur la défense de l’égalité d’accès pour tous à la santé, à l’éducation, et à tous les services publics indispensables à la population.
Cette égalité, elle doit s’appliquer aux territoires pour s’appliquer aux individus: c’est une idée à laquelle les citoyens de ce Haut-Pays sont sensibles, eux qui refusent de voir leurs communes, ancrées dans les enjeux ruraux, intégrer contre toute logique  une future grande métropole niçoise.

Partout aussi, le thème de la défense de l’intérêt général contre les clans et les féodalités a trouvé un bon écho. Il semble que beaucoup soient lassés de voir le président du conseil général et son maître, le maire de Nice, se comporter en seigneurs du Comté.

Enfin, on sent une immense colère à l’encontre du Président Sarkozy et de sa politique, menée au service des forces de l’argent, en harmonie avec des orientations européennes guidées par les intérêts monétaires plutôt que par  des objectifs de croissance et d’emploi.

Cette colère risque de se défouler dans le vote pourtant stérile en faveur des candidats du Front National.

Le gouvernement se trompe en voulant masquer les vrais enjeux économiques et sociaux qui se posent à notre pays.

La plupart de nos concitoyens risquent de ne pas être dupes du faux débat sur la laïcité que le Président est mal placé pour lancer, lui qui n’a pas cesse, depuis le début de son mandat, de malmener la laïcité : souvenons-nous par exemple de ses ostentatoires et déplacés signes de croix lors de la visite qu’il fit au Vatican comme chef d’Etat,  ou de ses déclarations sur l’instituteur, qui n’égalera jamais, d’après lui, le prêtre ou le pasteur pour la transmission des valeurs.

Il y a plus de 100 ans, notre pays se dotait d’une loi qui faisait de la laïcité un bien commun constitutif de notre identité nationale, en distinguant la sphère privée au sein de laquelle chacun est libre de ses options spirituelles, et la sphère publique, où les citoyens peuvent se rassembler sur ce qu’ils ont en commun, débattre  et construire ensemble le destin de la nation républicaine.

Plutôt que de revenir sur ces fondamentaux, il faut répondre aux priorités des Français que sont l’emploi, le niveau des salaires et la protection sociale.

C’est sur ces enjeux que la gauche devra se concentrer dans la perspective de 2012, pour être en phase avec les couches populaires.