ALLOCUTION D’OUVERTURE DU COLLOQUE CONTRACEPTION ET GROSSESSES NON DESIREES

 Colloque Contraception et grossesses non désirées : « mieux comprendre pour mieux gérer », organisé à l’Hôtel de Région par le Comité Régional pour l’Education à la Santé en Provence-Alpes-Côte d’Azur (CRES-PACA), 27 janvier 2011 (actes du colloque disponibles sur le site du CRES)

Mesdames, Messieurs,

Je vous accueille au nom de Michel Vauzelle, Président du Conseil régional Provence-Alpes-

Côte d’Azur, pour cette journée organisée par le Comité régional d’éducation pour la santé

autour du thème “Contraception et grossesses non désirées : mieux connaître pour mieux

gérer”. Je tiens à remercier tout particulièrement l’engagement de la directrice du CRES, Zeina

Mansour, ainsi que toute son équipe, pour l’organisation de ce colloque particulièrement

pertinent au vu des chiffres du recours à l’interruption volontaire de grossesse dans notre région

qui sont parmi les plus élevés des régions métropolitaines. Si nous devons inlassablement

rappeler la nécessité du maintien du droit à l’interruption volontaire de grossesse en termes

de droit des femmes à disposer de leur corps, nous devons aussi, au-delà des préjugés,

positionnements idéologiques et visions manichéennes, nous préoccuper de comprendre les

causes de cette situation. Cette compréhension est indispensable à l’élaboration des politiques

publiques et des démarches institutionnelles et associatives. C’est précisément ce travail de

compréhension que vous allez mener aujourd’hui.

Je remercie également le Pr Roland Sambuc, Vice-président du CRES et Norbert Nabet,

directeur général adjoint de l’Agence régionale de santé. Les Agences régionales de santé

(ARS), issues de la loi Hôpital patients santé et territoires (HPST) adoptée en 2009 structurent

l’organisation de la santé à l’échelon régional. Pour nous, collectivité régionale, c’est un plaisir

de pouvoir échanger et réfléchir aux questions qui relèvent de la santé publique avec un

partenaire issu de l’État mais présent dans les réalités régionales.

Souvent, la triade “comprendre-vouloir-agir” est un bon moyen d’appréhender les problèmes.

Pour comprendre les causes d’échec du recours ou de l’observance de la contraception,

il nous faut remonter loin. Plus de quarante ans après la loi Neuwirth, les difficultés d’accès à

l‘information et à l’éducation pour la santé prennent souvent leurs racines dans les inégalités

sociales. Ce sont souvent les plus fragiles qui subissent le plus fortement les échecs de la

prévention ou de l’éducation. On sait combien pose problème pour l’accès à la contraception

le fait que la sécurité sociale ne prenne pas en charge son remboursement. Quant au recours

à l’IVG, chacun sait combien l’application de la loi Veil est un combat toujours d’actualité, 35

ans après son vote, 35 ans après cette image de Simone Veil sur les bancs de l’Assemblée

Nationale, pleurant, confrontée au déferlement de haine suscité par son projet de loi. Il y a

quelques jours encore les manifestants anti-IVG défilaient à Paris.

Les enjeux moraux pèsent toujours aussi fortement sur les questions qui nous intéressent ce

matin et qui touchent au plus intime de l’être humain.

Vouloir : c’est d’abord vouloir combattre les obscurantismes et les préjugés, c’est informer,

éduquer pour défendre les droits des femmes. C’est aussi, bien sûr, vouloir combattre les

inégalités sociales qui se déclinent, en matière de santé, en inégalités d’accès aux soins et à la

prévention.

Agir : pour la Région, les questions qui nous occupent ce matin ne font pas partie des

compétences obligatoires fixées par la loi, mais d’une politique volontariste. La prévention,

l’éducation à la santé, les questions qui touchent au respect du droit des femmes, les

problématiques qui touchent les publics jeunes… sont au coeur des problématiques de la Région.

Dans le cadre de ces politiques volontaristes, à l’occasion de la nouvelle mandature, la

Région a décidé de s’engager davantage dans le domaine de la santé. Le Président Michel

Vauzelle m’a confié la responsabilité d’un projet que nous sommes en train de finaliser, en

partenariat avec l’Agence régionale de la santé : celui de la création de maisons régionales

de la santé. Nous avons fait le constat des inégalités sociales et géographiques majeures dans

l’accès aux soins et à la santé plus globalement dans notre région. Nous voulons participer à la

réduction de ces inégalités en encourageant le maintien et l’implantation d’une offre de soins

de premiers recours sur l’ensemble du territoire régional.

Nous entendons promouvoir une vision globale de la santé. Ainsi les actions de prévention

et d’éducation pour la santé devront être impérativement associées au projet que nous

soutenons.

D’autres critères seront demandés notamment l’accueil dans ces structures de professionnels

de santé en formation, la création de nouveaux métiers dans le champ de la coordination, de la

médiation entre le système de santé et les usagers, de la formation continue des professionnels

qui, parallèlement à la formation initiale, est fondamentale comme pilier de notre système de

santé.

Tous ces objectifs ont vocation à faire l’objet d’un partenariat avec l’ARS et nous vous

tiendrons informés, comme tous les partenaires de la santé et du médico-social, de l’avancée

de ce dossier qui nous tient particulièrement à coeur.

Sans plus tarder, je vais laisser la parole aux acteurs de ce colloque. Je vous souhaite une

journée de réflexion fructueuse et je ne doute pas que ce travail participera à la consolidation

d’un édifice qui nous est cher, cet édifice républicain qui repose sur des valeurs communes

d’égalité.

Je vous remercie.